Archive for the ‘Textes du jeudi’ Category

De glace et de feu

jeudi, mai 31st, 2012

1612, le village de Myrdalshreppur, cinq lieues au sud d’un massif montagneux endormi depuis l’aube des temps.

Plus au sud encore, les falaises abruptes des côtes plongeaient dans une mer cristalline et glacée.
Des icebergs fondant flottaient encore sur les rivages en ce début de printemps.
Les premiers rayons du soleil avaient suffit à faire disparaitre les dernières glaces, laissant place aux fjords azurs entourés de prairies verdoyantes et de sommets couverts de pins et d’edelweiss.
Un couple de paysan gardait ses quelques brebis qui paissaient paisiblement pour reconstituer leurs réserves après l’hiver rigoureux.

Soudain le sol trembla.

– Arney, par tous les dieux, regarde au loin !
Eyjafjallajökül et Katla avaient explosé sans prévenir.
La femme se tourna vers son mari resté sans voix devant l’événement.
L’homme prit la main de sa tendre épouse et la serra fort.
– Benia…
Il l’attira prêt de lui.
– Benia, il arrive, nous devons partir. (…) Lire la suite >>

De l’obscurité …

jeudi, mai 24th, 2012

Voilà des siècles que je suis assis sur ma souche, morte.
J’attends patiemment qu’un rameau, un bourgeon naisse.
En vain.

Le crépuscule est venu et s’est installé à jamais semble-t-il.

J’ai mené des batailles depuis l’aube des temps. Sans relâche. Car un guerrier ne vit que lorsqu’il combat, faisant la fierté de ses ancêtres.

Mais voilà que j’ai perdu mon royaume. Ma cité est tombée. Littéralement. Et le pont qui permettait à mes fiers guerriers de rejoindre la terre du peuple fût brisé. Non pas par défaillance du gardien, qui souffla dans le cor en temps voulu, mais par ma propre bêtise.

Je pensais conclure un pacte avec les géants. (…) Lire la suite >>

Au-delà des montagnes

vendredi, mai 18th, 2012

Déjà trois ans que l’invasion avait eu lieu. Les créatures sorties de nulle part n’existaient auparavant que dans les légendes.

Elles étaient pourtant bien réelles, et j’avais le sentiment qu’elles ne pouvaient venir que du nord, au-delà de la grande dorsale qui traversait le monde.

Alors je suis parti.

Passer de l’autre côté, voilà quelle était mon idée.

Rares étaient ceux qui s’étaient lancés sur ce long chemin. Mais aucun n’en était jamais revenu.

Pourtant, j’avais l’intime conviction que là-bas se trouvait la clé pour libérer le pays, sur ce territoire inconnu, par delà les glaciers et les monts qui disparaissaient dans un matelas de lourd nuage noir.

Il me fallut bien des jours simplement pour atteindre le pied du massif. (…) Lire la suite >>

 

Comment dire ?…

jeudi, mai 10th, 2012

Ironie du sort.
J’avais décidé de partir loin de la ville et de m’engager comme mercenaire, mais c’est arrivé un matin, et je fus contraints d’y rester encore quelques temps.
Assez de cette vie faite de petits vols à la tire.
Sans être un guerrier robuste et musculé, j’aurais toujours pu opérer en silence, exécuter mes cibles dans le noir, à la dérobade, dans un coin de rue sombre.
Mais ce matin là, alors que je vagabondais dans une avenue près de la fontaine au centre de la cité des marchands, des sons de cloches résonnèrent soudain au loin.
Quelque chose se passait du côté des postes avancés, à une lieue environ.
Il n’en fallut pas plus. Les sentinelles postées sur les remparts de la cité donnèrent l’alerte, et des gardes passèrent dans chaque quartier, ordonnant aux badaux et commercaux de rentrer chez eux dans l’instant.
Qu’arrivait-il ? Le pays était calme pourtant. La paix durait depuis cinq siècles et personne n’avait jusque là osé attaquer la Cité des Marchands, sous le joug de la Guilde et la protection du Conclave de la Cité Lumière.
Je m’exécutais et me dirigeai vers l’abris le plus proche.
Mais ma nature curieuse pris le dessus et je me dirigeai vers la Grand Porte. La lourde herse avait été baissée, mais les battants de bois bardés de fer n’avaient pas encore été fermés.
Les portes alentours en revanche avaient été barrées, et aucune porte dérobée n’existait pour mon plus grand malheur.
Soudain le sol se mis à trembler. Des vibrations qui se faisaient de plus en plus proche. Tout comme le nuage de poussière qui semblait avancer au loin.
Un premier garde tomba, percutté par un projectile inconnu. Puis un second, un troisième, et une lance improvisée, d’une branche fraichement arrachée grosse comme ma cuisse, tomba du ciel et me frôla.
Je vis alors les silouhettes des premiers assaillants malgré la poussière qu’ils remuaient.
Une armée d’homme-bêtes sortis des légendes se ruaient sur la cité. Des minotaures menés par un seul homme. Un être plus grand que la normal à vrai dire.
Quelques géants en arrière arrachaient les arbres trouvés sur leur passage et les projetaient sur les remparts.
Ils devaient venir des terre du nord où personne n’avait mis les pieds depuis des siècles. Ils n’existaient plus à ce que laissait entendre le Conclave. Ramassis de mensonge comme le reste.
La cité était prise d’assaut. Et alors? Des énervés sortis des bois faisaient tomber les gardes et défonçaient les remparts. Il était tôt et j’avais eu un nuit agitée. Je n’étais pas vraiment d’humeur ni bien réveillé. Le ciel était légèremenet nuageux mais tendait à se dégager. Une belle journée s’annonçait.
Pourtant quelque chose assombrissait le tableau.
Je me réveillais soudain lorsqu’un rocher percuta le mur de soutient derrière moi. L’heure n’était pas aux rêveries et aux mythes d’antan.
Alors je réalisais que je n’étais pas simplement observateur des événements, mais bien acteur au milieu de la tempête.
Et je me sentis bien petit face aux troupes enragées qui déferlaient sur la cité, sous une pluie de rocs et de troncs qui tombait d’un ciel bleu sans nuage. Insignifiant même à vrai dire.
Finalement sorti de ma torpeur, une idée lumineuse me vint à l’esprit. Comment dire ?… Aux abris !!!

Vers le sud

jeudi, mai 3rd, 2012

– Dis-donc Marte, le ciel noircit au loin.
– Mmmh…
– Aller, rent’ donc, tu finiras plus tard quand l’orage s’ra passé, lança l’homme à sa femme, affairée à battre un peu de blé et à le ramasser dans un sac de lin.

Le vieux couple vivait depuis toujours dans une petite ferme à deux lieues du plus proche village. La chaumière était entourée de parcelles de terre où ils cultivaient tant bien que mal céréales et légumes en quasi-autarcie. En cette fin d’automne, la fumée du feu allumé à l’intérieur s’échappait par la cheminée, balloté par le vent qui semblait s’être levé.

Soudain, un coup de tonnerre retentit et un éclair éclata en percutant le sol, illuminant les environs sur quelques pas. Une épaisse brume s’était levée, un peu plus loin en direction de la forêt.

– Aïe ! lança le homme. Quel temps tout d’un coup ! Rentrons vite avant d’être trempé jusqu’aux os !

La vieille femme ne bougea pas, le regard fixé vers la forêt. Elle fit un signe de tête dans cette direction.

– T’as vu ça Victor ? chuchota-t-elle finalement.

Une silouhette sombre apparut dans le brouillard. (…) Lire la suite >>