Archive for juin, 2012

Buffet à volonté

jeudi, juin 28th, 2012

Un oeil rond. Sans âme, sans remord, et pourtant si moqueur.
De son bec acéré, le corbeau aux plumges d’un noir crépusculaire déchira un peu de chair des restes d’un être humain enfermé entre six barreaux, puis crossa d’un rire moqueur.
Trois cages rouillées pendaient du porche à l’entrée de la ville.
Le rendez-vous de nuées de volatiles venues se repaitre de chair humaines, et une mise en garde pour les aventuriers téméraires.
Lukav, la cité des voleurs, le repaire des mécréants du monde entier.
L’oiseau de malheur qui tronaît sur un crâne désormais dépourvu de cheveux et de peau s’essuya le bec sur son plumage soyeux, visiblement repu.
Mais soudain il se redressa, les sens aux aguets, et s’envola, suivant ses congénères partis tournoyer au-dessus de leur buffet permanent.
Deux silouhettes et un paquetage approchaient. (…) Lire la suite >>

 

Fugitifs

jeudi, juin 21st, 2012

Pustinja. Du sable à perte de vue.
Deux jours que les fugitifs marchaient dans le désert.
– Par ici !
La belle inconnue fit signe au jeune homme d’avancer jusqu’au sommet de la dune.
Il la rejoignit après quelques minutes. Tant bien que mal, car la migraine qui lui martelait le crâne ne l’avait pas quitté depuis l’avant veille, lorsqu’il l’avait tiré des griffes de voleurs à Lukav.
Ah ! La cité du vice et des mécréants ! Pas une place pour une femme seule pensa-t-il en la regardant !
Il ne connaissait toujours pas son nom ni ne savait d’où elle venait, mais quelque chose l’avait poussé à bondir à son secours.
Les mêmes yeux vairons que lui peut-être…

– Où allons-nous ? lança le jeune homme, essoufflé.
– Je penses avoir retrouvé le chemin par lequel je suis venue.

Elle se retourna et tendit l’index vers l’horizon, à l’ouest, puis ajouta :
– Vois-tu la masse sombre au loin ?
– Oui je penses, souffla-t-il derrière la bande de tissu qui lui masquait le visage et le protégeait du sable.
– C’est la barrière érigée par les Dieux lors de la guerre entre les hommes et l’ancien peuple Xöth, il y a cinq siècles. Elle monte jusqu’aux cieux et est simplement infranchissable.
– Donc nous allons vers une impasse, lacha-t-il désabusé.

La jeune femme voilée de la tête au pied le regarda avec dans les yeux et la voix un sourire entendu.
– Elle ne l’est plus. (…) Lire la suite >>

Pas pour rien

jeudi, juin 14th, 2012

– Minuit. Sans délai.
– B.. bien. J’apporterai le magot.
L’homme s’en alla, sans rien ajouter.
Tiho resta planté là un instant, parmi les badauds et les alcooliques qui cuvaient dans les caniveaux voisins.
Les affaires se décidaient la journée, mais se traitaient la nuit.
Lukav n’était pas la cité des voleurs pour rien, et au détour d’une rue, bien des brigands avaient disparus sans laisser de trace.
Il ne fallait faire confiance à personne. A aucun prix !
Le jeune homme s’en alla à grand pas, la capuche de son tricot tirée sur sa tête mal coiffée.
La journée allait être rude. Dégoter la caisse de parchemins barricadée dans le coffre de Hymhr, à la Taverne du Canasson Gris.
Mais cela en valait la chandelle. Un pactole, lui avait promis l’homme à la veste de velour !
– Aller ! se motiva-t-il en se frottant les mains.
La nuit était finalement tombée, et Tiho se rendit en avance dans la ruelle.
L’indice était un cadrant solaire sur le mur de pierre du bâtiment dominant.
Ils ne devaient pas être vus ensemble. Jamais.
Mais à cette heure aucun risque. Les commerçants avaient fermé leurs échoppes, leurs devantures bardées de fer, et ceux qui avaient cuvé leurs vinasses toute l’après-midi dormaient maintenant depuis longtemps.
L’heure approchait.
La cloche retentit.
Personne.
L’heure passa.
Tiho commença à se demander si on ne lui avait pas posé un lapin.
– Aucune confiance en ces hommes, maugréa-t-il à demi-voix.
Soudain trois ombres s’avancèrent. Se rapprochèrent. Sans bruit.
Un cliquetit éveilla soudain ses sens. Il avait les sens aiguisés, et personne ne l’aurait par suprise.
Mais quelque chose le percutta. Un léger choc.
Quelqu’un l’avait frappé par derrière bien qu’il était au fond de la rue.
Il porta sa main à sa nuque où y trouva un objet fiché dans la partie charnue de son cou, sous son crâne.
Un carreau. Sa main était soudain humide. Collante à vrai dire.
Puis sa vue se brouilla et il tomba à terre alors que les trois ombres se rapprochaient.
Lukav n’était pas la cité des voleurs pour rien, et au détour d’une rue, un brigand de plus disparut sans laisser de trace.